L’occitan est une langue romane, c’est-à-dire le résultat d’une évolution du latin après la chute de l’empire romain. La langue d’òc (òc pour « oui ») est, au haut Moyen Âge, la première langue profane à se doter d’une littérature distincte du latin (avec les troubadours), et la civilisation occitano-catalane rayonne sur l’occident médiéval de l’an mille jusqu’au début du XIIIème siècle.
En avance sur son époque, on y cultive le « paratge » (égalité / tolérance) et la « convivencia » (vivre ensemble). Les villes principales s’organisent en républiques, et les seigneurs n’exercent qu’un rôle militaire tout en gardant leur titre. La croisade contre les Cathares annexe à la couronne française la majeure partie de l’aire occitane et met fin à l’age d’or de la langue et de la culture, qui restera ensuite principalement parlée par le peuple et les campagnes jusqu’au milieu du 20ème siècle, où l’exode rural et l’interdiction des langues « régionales » à l’école par l’État mettent à mal la pratique de la langue. Anticipé au 19ème siècle par un renouveau littéraire autour de Frédéric Mistral et du Félibrige, un fort mouvement culturel marque la renaissance de la langue, surtout à partir des années 70.
L’occitan est parlé et écrit depuis environ mille ans sur un très large territoire comprenant la quasi-totalité du sud de la France, le Val d’Aran en Espagne et les vallées alpines du Piémont italien. N’ayant jamais eu de statut officiel et d’institutions de référence, la langue s’est différenciée localement sous la forme de patois. Elle se décline en six dialectes principaux : gascon, languedocien, provençal, vivaro-alpin, auvergnat, limousin. Les différences entre les dialectes sont assez sensibles, mais il y a une intercompréhension aisée pour peu que l’on fasse l’effort de connaître et d’accepter les particularités locales. Il est tout de même assez difficile de tracer des limites précises entre ces différents dialectes, car en réalité, on a affaire à un continuum, les spécificités locales de la langue glissant d’un dialecte à un autre de villages en villages.
L’éducation immersive en occitan
Les écoles calandretas (on prononce « calandrèto » avec un « o » muet final) pratiquent l’enseignement de l’occitan par la méthode immersive : l’occitan est la langue de tous les apprentissages, de tous les temps scolaires. Seul l’enseignement du français est fait… en français. Elles se distinguent en cela des écoles bilingues de l’éducation nationale où l’enseignement se fait en occitan à mi-temps. Calandreta est rattaché au mouvement des écoles immersives qui ont développé et encouragé l’enseignement en langue dite « régionale » : Diwan pour le breton, Ikastola au Pays Basque…
Les travaux des psycholinguistes rapportent que les capacités d’acquisition linguistiques du jeune enfant sont exceptionnelles, et qu’une exposition intense à la langue cible est nécessaire pour activer les stratégies naturelles de l’acquisition. La langue est abordée de façon instrumentale c’est-à-dire à travers toutes sortes d’activités et comme moyen d’acquisition de connaissances. L’immersion totale consiste à enseigner en occitan (et non pas seulementenseigner l’occitan).